Non, les immigré·es ne viennent pas en France pour profiter du système de soins

« Les immigré·es viennent en France pour profiter du système de soins » est un poncif qui a la vie dure et associe depuis une vingtaine d’années les étrangers à des “profiteurs” et “des touristes médicaux”. Il laisse également entendre qu’une bonne prise en charge, notamment des soins, des étrangers contribuerait au prétendu “appel d’air” – une notion scientifiquement non prouvée. Ce qui fait dire avec ironie à un bénévole venant en aide aux personnes exilées à Calais: “C’est bien connu qu’un habitant du fin fond de la Syrie, un pays à feu et à sang, veuille venir à Calais parce qu’on y a installé trois douches!”. Ces amalgames et infox sont pourtant partagées dans la sphère politico-médiatique et reprises dans la rue par les quidams. 

La santé est rarement un motif de migration

Les conditions d’accueil et de confort, qui comprennent les aides médicales, ne peuvent justifier la migration des individus et ne peuvent être considérées comme des “pull factors” (ou facteurs d’attraction) évidents. Comme le rappelle Smain Laacher (2007, 2012), la migration est souvent un mouvement contraint, un arrachement au pays (Sayad, 1999) dominés par des “push factors” (guerre, famine, violence interpersonnelle etc.) forts qui mettent directement en danger la vie de la personne concernée. L’appel d’air médical est un cliché, comme le rappelle le Défenseur des droits, cité par Vincent Geisser (2019) qui a travaillé sur les fantasmes construits autour du tourisme médical:

Selon l’Observatoire européen de l’accès aux soins de Médecins du Monde, seules 6 % des personnes concernées citent la santé comme l’un des motifs de migration. Dans son rapport d’observations et d’activité pour 2017, l’association le Comede (Comité Médical pour les Exilés), qui assure la prise en charge médico-psycho-sociale de plus de 6 000 patients exilés par an, indique que la plupart des personnes reçues par l’association découvrent leur pathologie après leur arrivée en France (68 % pour l’ensemble des pathologies). C’est particulièrement le cas des demandeurs d’asile qui, dans 77 % des cas, découvrent une pathologie à l’occasion d’un bilan de santé effectué après l’entrée en France.”

EURADIO

Une chronique de 2 minutes et 30 secondes toutes les semaines sur une thématique en lien avec les migrations. 

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